autour de
VEILLÉE D’ARMES
écrit par Noam Alon
VEILLÉE D’ARMES est une notion qui décrit une nuit blanche
durant laquelle on se prépare à une action délicate. Ses
origines sont militaires, elles font référence à la nuit
qui précède l’adoubement des chevaliers ou le départ
sur le champ de bataille. À cette occasion, une longue
méditation se substitue au sommeil, soit pour apaiser
son anxiété, soit pour améliorer sa stratégie. L’ambiance
silencieuse qui trône sur cette nuit évoque à la fois la
tranquillité et le stress. Si le fait de ne pas dormir est
généralement associé à une insomnie, ici, il s’agit d’une
décision volontaire de rester éveillé et surmonter les
efforts physiques afin d’être en capacité d’embrasser un
processus mental visant à se vider l’esprit. Ce moment
permet de dresser un bilan des événements passés et
d’anticiper toutes les éventualités d’un futur proche.
Les peintures de Nathanaëlle Herbelin oscillent entre les deux pôles de cette tension – bien qu’elles semblent à première vue représenter des espaces quotidiens sereins, quelque chose dans cette tranquillité sous-tend la présence d’entités cachées, de voix du passé voire de fantômes. L’artiste elle-même est présente dans ses toiles en tant qu’observatrice, apportant un côté presque voyeuriste. Il n’est pas question de plaisir malsain mais plutôt d’une tentative profonde de l’artiste d’examiner son environnement afin de révéler une latence qui s’y déploie. Les œuvres choisies pour ce duo-show dépeignent une zone crépusculaire, entre lumière et obscurité, et résonnent avec le Chant de la Nuit de Nietzsche : « Il fait nuit : hélas ! pourquoi me faut-il être lumière ! et soif de ténèbres ! et solitude ! ; Il fait nuit : voici que mon désir jaillit comme une source, — mon désir veut élever la voix ; Il fait nuit : voici que s’élève plus haut la voix des fontaines jaillissantes. Et mon âme, elle aussi, est une fontaine jaillissante. »
Les peintures de Nathanaëlle Herbelin oscillent entre les deux pôles de cette tension – bien qu’elles semblent à première vue représenter des espaces quotidiens sereins, quelque chose dans cette tranquillité sous-tend la présence d’entités cachées, de voix du passé voire de fantômes. L’artiste elle-même est présente dans ses toiles en tant qu’observatrice, apportant un côté presque voyeuriste. Il n’est pas question de plaisir malsain mais plutôt d’une tentative profonde de l’artiste d’examiner son environnement afin de révéler une latence qui s’y déploie. Les œuvres choisies pour ce duo-show dépeignent une zone crépusculaire, entre lumière et obscurité, et résonnent avec le Chant de la Nuit de Nietzsche : « Il fait nuit : hélas ! pourquoi me faut-il être lumière ! et soif de ténèbres ! et solitude ! ; Il fait nuit : voici que mon désir jaillit comme une source, — mon désir veut élever la voix ; Il fait nuit : voici que s’élève plus haut la voix des fontaines jaillissantes. Et mon âme, elle aussi, est une fontaine jaillissante. »
En contraste avec l’espace domestique de Nathanaëlle
Herbelin, la vidéo d’Anne-Charlotte Finel documente des
moments de l’aube au sein d’une zone liminale : la piste
d’atterrissage entre terre et ciel, un espace de passage
interchangeable où les êtres humains restent anonymes,
un non-lieu. L’artiste dirige notre regard vers les êtres
vivants qui peuplent pourtant cet espace particulier.
Perplexes quant aux lumières changeantes et aux bruits
des moteurs, les colombes, les corbeaux et même les
renards s’engagent dans une
VEILLÉE D’ARMES. Ni tout à
fait endormis, ni tout à fait éveillés, entre les deux, ils se
préparent à l’apparition d’une menace ou d’un encas
potentiel. Les visuels quelque peu granuleux, affectés
par le jeu de lumières clignotantes colorées, créent de la
même manière cet état de flou, aux confins de la rêverie et
de la rétention de souvenirs fugaces.
Nathanaëlle Herbelin et Anne-Charlotte Finel nous invitent à nous écarter d’une certaine réalité terrestre et nous dirigent vers un état hypnotique, où apparaît la possibilité de s’immerger dans la pénombre. Au lieu de la formulation d’idées claires, nous avons l’impression de planer, d’observer d’en-haut et de nous préparer à atterrir à nouveau.
Nathanaëlle Herbelin et Anne-Charlotte Finel nous invitent à nous écarter d’une certaine réalité terrestre et nous dirigent vers un état hypnotique, où apparaît la possibilité de s’immerger dans la pénombre. Au lieu de la formulation d’idées claires, nous avons l’impression de planer, d’observer d’en-haut et de nous préparer à atterrir à nouveau.